Trilopentras:
"Les techniques de MM (artiste d'origine italienne) conservent le souvenir de la trousse d’écolier, sacoche assez pauvre en articles de beaux-arts, dans laquelle se glissent quelques "nouvelles" technologies (la photocopie ou encore Microsoft Paint). Il revisite la référence figurative en mobilisant l'art de l'affiche, ses pratiques dynamiques de l’agrandissement, du coloriage et de la modélisation de l’espace. Sa démarche sans frontières, ouverte au réemploi de l’image et à l’usage d’outils grand public, interroge sur l’inauthenticité. Et ce, au sens matériel, par les différentes opérations techniques de transfert, d’agrandissement et de reprise par coloriage dont font l'objet tant les dessins automatiques (qu'il réalise d'un jet) que les illustrations (qu'il tire de supports papier). L’artiste affectionne la basse définition due aux agrandissements successifs.
Si ses outils et ses techniques se veulent communs et partageables, il mime la multiplication normalisée pour aboutir à ce qui a une existence unique, auteur d’un geste non sans conséquence sur la production et la fonction de l’art...
Trilopentras résulte de cette réflexion. Arthropode présentant un organe vaginaux-buccal relié au système digestif (regroupant également les centres nerveux principaux), cet organisme rudimentaire qui a traversé les âges est considéré par MM comme une figure synthétique parfaite. Composé de trois lobes, le trilobite est un être vivant élémentaire, situé aux origines de la vie, à partir duquel ont pu se développer des organismes plus complexes et multiples. Cette figure transitionnelle cristallise les questions d’authenticité et d’inauthenticité, liées à la genèse de la création et au déploiement des possibles à venir. Elle incarne une trinité temporelle entre passé, présent, futur, qui relie le début et la fin en un même point. C'est l'emblème de la logique circulaire et analogique à laquelle recourt l’artiste pour explorer les phénomènes conditionnant l’advenue de l’art."