L’opportunité de peindre sur un grand format m’a entraînée dans une étrange traversée : je suis partie d’un fait divers local de sinistre mémoire (la profanation du cimetière juif de Carpentras en mai 1990) . De ce paysage inquiétant des tombes et stèles bousculées -qui résonne comme une menace dans l’actualité que nous vivons - j’ai souhaité faire , le temps d’un rêve et d’une exposition collective , un espace pour une suite plus heureuse . J’ai laissé s’immiscer entre les tombes deux silhouettes et je les ai lentement vues s’humaniser, prendre corps et couleurs , esquisser un sourire. Qui sont ces deux êtres qui semblent irrigués à nouveau, rappelés à la vie?
Autour d’eux le lieu s’est comme transformé en un théâtre, sur cette scène on attend qu’ils s’animent. Le cimetière a fait place à une rencontre peut-être amoureuse dans un espace où peut-être reviendraient la confiance, le respect de l’autre. Il ne s’agit pas d’oublier mais de se donner la possibilité d’une nouvelle donne , -le temps d’un été ou, je l’espère , au delà. C’est la chance du peintre d’opérer des métamorphoses, de donner consistance à sa réalité intérieure et de la partager : c’est une première pour moi d’exposer en extérieur , j’en remercie la ville de Carpentras.
Agathe Idalie
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